vendredi 12 mars 2010

Elisabeth Badinter, femme libre


Elisabeth Badinter fait partie de ces femmes qui font mon admiration et me donnent à la fois envie et fierté de porter ma féminité comme un drapeau.

Elle m'avait déjà beaucoup impressionnée dans son discours sur la burqa.

A la lecture de son dernier livre : "Le conflit : la femme et la mère", je me prends à rêver de rattraper ma plume et lui écrire toute mon estime pour son travail soigné, documenté, cultivé, éclairé. Son honnêteté intellectuelle, sa rigueur dans la recherche transpirent dans ce livre tout à la fois militant, exigeant et sensible.

Elle ne prône pas spécialement pour ou contre la maternité, elle prône le libre choix. Libre, au sens réfléchi, éclairé. Autant que faire se peut. Elle apporte des éléments concrets à la réflexion sur le naturalisme, le traditionnalisme, le contrôle des naissances, et finalement sur la féminité et la maternité. C'est un travail sur la sociologie, la psycho-sociologie, mais aussi sur la diffusion des idéologies, sur la lutte toujours en mouvement du féminisme, et sur ces féministes qui, à force de caricature, nous tirent une balle dans le pied à toutes.

J'ai choisi de vous proposer, en résumé, un extrait de son livre qui montre à quel point le choix de faire ou non un enfant est cornélien. Il n'est pas seulement question de carrière, de confort ou de partage des tâches. Il est question de ce que la femme projette dans sa vision du rôle de mère, de ses convictions.
Page 210 : "L'intériorisation (excessive ?) de la mère idéale" : (résumé) les femmes sans enfants adhèrent souvent au modèle de la mère parfaite, et c'est la raison de leur choix de ne pas faire d'enfant : elles ne se sentent pas ou ne se veulent pas à la hauteur. Question qui s'ensuit : ne vaut-il pas mieux faire ce choix "égoïste" alors qu'on a idéalisé le rôle de mère, plutôt qu'être mère de façon inconsidérée et irresponsable, surtout eu égard aux moyens de contraception que l'on connaît ?

Ce n'est qu'un des éléments qu'elle apporte, et je considère aussi ses démonstrations parfois acharnées comme des modèles en terme de cribles pour lire les politiques, les idéologies, et ne pas se laisser embrigader aveuglément.
Elle évoque, avec respect, les convictions spirituelles, sans les laisser prendre le pas sur les autres critères du choix.
Chapeau bas, voilà ce que je considère être un livre abouti et complet.
J'aimerais savoir en faire autant. Je voudrais savoir en faire autant.
Je voudrais en faire autant.

3 commentaires:

  1. Je n'ai pas lu son livre; mais lu des interview et des extraits; ceux-ci ne m'ont pas convaincue...Elle m'a même agacée!
    Ce que tu en dis, dans l'extrait-résumé ne fait que me conforter (si je l'ai bien compris!). Je ne suis pas certaine qu'il faille tout rationaliser et je pense que par moment dans la vie il faut savoir foncer pour se surprendre soi-même; cela peut parfois être une manière de vaincre des peurs paralysantes qui servent indirectement de raisons.
    Ce qui n'empêche pas chacun de faire ses choix: mais de différentes manières.
    (Je ne suis pas très claire, de vive voix ce sera plus facile!)

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  2. Ce que j'ai lu m'a convaincue, et elle ne le discute pas, que le choix de faire un enfant ou pas est tellement intime, que la rationalité n'y entre pas pour grand chose : l'essentiel de ce choix est le produit d'influences familiales, sociales, communautaires, circonstancielles... Son raisonnement a surtout une valeur statistique et sert à déterminer des choix de politique sociale et familiale, ce présupposé acquis.
    Je ne suis pas forcément d'accord avec tout ce qu'elle dit : elle réfute l'existence d'un quelconque instinct maternel pour les femmes civilisées que nous sommes, et je suis sûre que, s'il ne s'agit pas d'instinct animal, il existe au moins un lien spirituel avec l'enfant que l'on porte. Mais toutes les femmes ne sont pas disposées à laisser ce lien envahir leur vie...

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  3. Pour répondre plus directement à ton assertion sur les "peurs paralysantes", sauf erreur de ma peur, je pense que la parenthèse du titre de cet extrait va dans ton sens : se faire du rôle de mère une image tellement gigantesque, écrasante, peut conduire en effet à se paralyser d'instinct face à la possibilité d'une maternité. C'est ce que je comprends dans le terme intériorisation "excessive"...

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A vous les crayons...