samedi 4 mars 2017

Un portrait - David

La photographie est un art d'angle. Par conditionnement, David choisit toujours un coin pour s'asseoir.
D'ordinaire, il aime varier ses points de vue. A l'auberge, il s'est inventé un petit jeu, une fantaisie de rien dont Madame Simon s'est faite la complice.
Premier arrivé, il observe les stratégies d'emplacement des autres convives.
Voilà quatre jours qu'à midi, il s'installe à la même table. Toujours, les premiers s'installent loin de lui. Puis, les suivants s'installent toujours à la même table, près de lui, loin des autres.
Il a réfléchi à cela. Ce n'est pas la protection qu'offre le poteau entre eux, ce n'est pas non plus la tranquillité de l'emplacement. C'est une question d'espace de respiration. La distance avec l'autre.

Après, la terrasse se remplit plus ou moins aléatoirement. En fonction de la taille des groupes, du fait qu'il y a des enfants ou non.
La dernière table remplie, quand elle l'est, est toujours la plus proche de la sienne. Son calme relatif, sa solitude, rassurent les premiers arrivés puis, les suivants la respectent, voire la craignent un peu.
La solitude est un art d'angle.

jeudi 2 mars 2017

Stand by

C'est bizarre, la télé. Ça forme comme une spirale, au début, et puis l'on se retrouve bras et jambes coupés, un peu comme lorsque l'on rêve, et l'on subit le mouvement sans le faire.
Là, dans cette attente de l'instant, la nuit égrène ses heures sur l'écran qui scintille.

Cela m'avait toujours paru éphémère, une sorte de meuble en partance, et les seules agitations du monde comme compagnon de voyage.

Les nouvelles, les réclames, un film, ou deux, de ceux qu'on regarde enfoncé dans un siège lorsqu'il pleut, au milieu d'autres rescapés, un cornet de pop-corn en main.

Une illusion d'optique.