mercredi 23 septembre 2009

Ouvrez la bouche et dites "A"


Mon bureau, c'est un petit peu mon thermomètre usuel pour prendre la température de mes contemporains-raines.


Je suis, par la nature de mon métier, fort sédentaire, tandis que la nature de la radio-mairie (version plus endogène de la Radio Langue De Pute qui sévit dans certaines familles), est plutôt balladeuse.



De telle sorte que viennent à mon bureau nombre de collègues (plus tangibles que les rumeurs, mais en réalité ce sont les mêmes vecteurs de transport), qui échangent avec mon assistante et moi des propos doux-amers sur la hiérarchie, les pestes, les coléreux, et autres joyeuses contaminations de notre biotope.

C'est ainsi que je plante innocemment mon instrument de mesure dans le fondement de l'humeur du jour.

La population sujet de mon épidémiologie s'incarne dans la simple et moyenne ménagère de moins de 50 ans, qui s'habille comme dans les magazines, se coiffe comme dans les magazines, mange comme dans les magazines, regarde la télé comme dans télé-magazine.
A la nuance près que sa médiocrité ne la navre pas autant que la condescendance crasse de son patron et que l'âcreté des humeurs de sa chef.

Encore que navrer ne soit pas le verbe adéquat.

Je dirais plutôt, aigrir.

Car, la voilà, la température de mes contemporaines-rains : l'aigritude.

La conscience est, pour sa part, une température que je relève rarement sur mon thermomètre.
De la rancœur, du mépris, de l'insolence, de l'indécence, en veux-tu en voilà. Règne de l'individualisme, de l'envie, de la bassesse, de la petitesse, de la mesquinerie, ce que les autres ont, on le veut on l'aura.
Ne passez plus, on a déjà donné, maintenant c'est nous d'abord, le déluge après. (Seigneur, que de fois l'ouis-je, cette litanie honnie ?)
Du recul, de la hauteur de vue, de la générosité ? mais on n'en a plus en rayon, ma pauvre dame, c'est qu'on ne la vendait plus, même à perte !

Que dites-vous ? l'abnégation ? Au musée, au fond à droite, dans la réserve, avec la grandeur d'âme... mon thermomètre aura loin à s'enfoncer, je vous le dis...



Forcément, moi, en digne disciple de l'HACHEB, je trépigne, je fulmine, je crache, je rugis, je vocifère, bref, je fausse mon thermomètre… et je n'ai plus qu'à faire baisser le mercure pour reprendre l'étude à zéro… demain.


A ce soir, mon chérichéri…

1 commentaire:

A vous les crayons...