mercredi 7 août 2019

Pâleur


Pure suffocation. Pure supposition.
A l’appui d’un ou deux de ces regards.
Je sais quelle folie fut la mienne, et l’arrangue effroyable de cet aller-retour.
Je suis derechef au rivage, sans saisir bien l’inopportun songe que je devrais fuir.
À trop vouloir tenir, j’en oublie que je flotte.
Séparément, mes sens m’insufflent la sotte et fausse impression de l’existence, je suis pourtant bien pâle.
Bien pâle.

samedi 26 mai 2018

Brulures

Conteurs.
Raconteurs.

Lire des histoires, s’identifier, se raconter son histoire.
Se mentir.
Et mentir.

Et voler.

Être libre. Échapper à la réalité. A sa réalité.

Être libre. Et brûler.

Juste aimer, sans fard, sans regret, sans attache et sans jeu. Sans enjeu.

Même si ce n’est pas vrai, même si ce n’est qu’imaginé, ce ne peut être qu’illusion, d’aimer sans condition.

Jamais n’aimer en telle profondeur
Aussi désincarnée que le désir charnel
D’aussi loin que la mort, en vivant l’absolu.

La plaie encore ouverte, infectée, pleine de ce pus que l’erreur y a mise.
Béance du mensonge

Écouter l’irréel, juste l’immatériel, ce que seuls perçoivent les élus violets. Et poursuivre l’histoire hors des sentiers battus, seule compte la lumière, seul compte le chemin.

samedi 4 mars 2017

Un portrait - David

La photographie est un art d'angle. Par conditionnement, David choisit toujours un coin pour s'asseoir.
D'ordinaire, il aime varier ses points de vue. A l'auberge, il s'est inventé un petit jeu, une fantaisie de rien dont Madame Simon s'est faite la complice.
Premier arrivé, il observe les stratégies d'emplacement des autres convives.
Voilà quatre jours qu'à midi, il s'installe à la même table. Toujours, les premiers s'installent loin de lui. Puis, les suivants s'installent toujours à la même table, près de lui, loin des autres.
Il a réfléchi à cela. Ce n'est pas la protection qu'offre le poteau entre eux, ce n'est pas non plus la tranquillité de l'emplacement. C'est une question d'espace de respiration. La distance avec l'autre.

Après, la terrasse se remplit plus ou moins aléatoirement. En fonction de la taille des groupes, du fait qu'il y a des enfants ou non.
La dernière table remplie, quand elle l'est, est toujours la plus proche de la sienne. Son calme relatif, sa solitude, rassurent les premiers arrivés puis, les suivants la respectent, voire la craignent un peu.
La solitude est un art d'angle.

jeudi 2 mars 2017

Stand by

C'est bizarre, la télé. Ça forme comme une spirale, au début, et puis l'on se retrouve bras et jambes coupés, un peu comme lorsque l'on rêve, et l'on subit le mouvement sans le faire.
Là, dans cette attente de l'instant, la nuit égrène ses heures sur l'écran qui scintille.

Cela m'avait toujours paru éphémère, une sorte de meuble en partance, et les seules agitations du monde comme compagnon de voyage.

Les nouvelles, les réclames, un film, ou deux, de ceux qu'on regarde enfoncé dans un siège lorsqu'il pleut, au milieu d'autres rescapés, un cornet de pop-corn en main.

Une illusion d'optique.

samedi 17 octobre 2015

D'une couleur l'autre

 Il y a six ans, j'écrivais ce petit compte-rendu de consultation illustré par un thermomètre qui explose :

http://carnet-ultime.blogspot.fr/2009/09/ouvrez-la-bouche-et-dites.html#comment-form

Vous me direz, pas de quoi fouetter un chat, n'est-ce-pas ? une scène tout ce qu'il y a d'ordinaire dans le plus médiocre des mondes.

Eh bien, mon ordinaire d'hier, il va mener à mon ordinaire de demain.
Où une région de plusieurs millions de personnes va se couvrir d'un drap de plomb.
Où, sans aucune terreur annonciatrice, simplement, comme s'il s'agissait d'une simple feuille enlevée dans un éphéméride, la vie va changer de couleur; et de gris clair, parsemé de soleil, va devenir gris foncé, caca d'oie, et sûrement pas de ce bleu réputé.



Alors demain, je vais voter.
Non par devoir, non par plaisir, non par conviction.
Par lutte.
Avant d'être abîmée, mise au ban, engloutie, parce qu'un jour, j'ai choisi de vivre ici.

L'âme de fond (1)



Dans cette étuve fourbe et douceâtre
L'océan se taisait
Le long des bancs de sable
Se terraient
Les poissons amers

A demi assoupie,
La surface frémit
A remous si ténus
Qu'on les perçoit à peine

Implacable,
Chape immense et vierge de toute splendeur,
La vague sans annonce déroule son poids invisible
Au fond
Les grains s'évadent
Les sons s'élargissent
Et toi, debout, bien droit, immobile et certain,
Tu bouges, soudain tu n'es plus là, perdu corps, et âme

dimanche 27 avril 2014

Tributes

L'immense privilège de connaître, et d'aimer. Parmi ceux qui m'entourent, deux, trois, quatre, ont gagné en re;connaissance puis en notoriété. Pour leur talent, soit, évidemment, immense, mais avant tout pour leur travail incessant, incessamment recommencé, quand la médiocrité attisait leur rage et leur volonté. Pour leur générosité, leur aptitude à transmettre leur savoir, communiquer leur passion.
Depuis mon père, jusqu'à Marie, Hervé , j'ai toujours ressenti gratitude, humilité et soif de toucher ces étoiles. De porter, aussi, jusqu'à leurs failles un peu de baume et de tendresse. Car ils sont forts comme des rocs, nous portent dans leurs rêves. Mais fragiles comme des rêves, ils se brisent aux rochers, par vagues.

Ces écorchés vifs qui ardent et s'exaspèrent, nos phares dans la nuit.